Colère noire de l’ANSM contre le purple drank

Paris, le lundi 14 mars 2016 – Sa couleur festive est trompeuse : le « purple drank » n’est pas un cocktail inoffensif et ses composés n’ont rien d’habituel. Outre un soda, il associe le plus souvent un sirop à base de codéine et de la prométhazine. Depuis près de vingt ans, cette potion explosive est recherchée par les adolescents Américains et constitue même selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) un phénomène de santé publique. En Europe et en France, le phénomène est arrivé plus tardivement, mais prend une ampleur qui a incité l’ANSM à lancer l’alerte. Ainsi, une nette augmentation des signalements a été mise en évidence depuis 2013. Ainsi, si entre 2009 et 2014, 17 signalements ont été recensés par le Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance, entre janvier et août 2015, ils ont été près d’une vingtaine. Ces chiffres, même s’ils évoquent une tendance restreinte, suggèrent clairement une progression, d’autant plus qu’ils sous estiment très probablement la réalité. Pour les personnes ingurgitant, ce type de cocktail, les conséquences peuvent être graves. « Les symptômes décrits comprennent notamment des troubles de la vigilance (somnolence) et du comportement (agitation syndrome confusionnel ou délirant) ainsi que des crises convulsives généralisées » énumère l’ANSM. L’hospitalisation peut parfois être nécessaire, ainsi que l’administration de neuroleptiques. La moyenne d’âge des patients concernés interpelle également : elle ne dépasse pas 15 ans.

Délivrance surveillée

L’engouement pour ce cocktail chez ces populations jeunes s’explique par la disponibilité des produits, qui sont accessibles sans ordonnance (et qui peuvent également se trouver dans les pharmacies familiales). Aussi, l’ANSM appelle-t-elle les professionnels de santé et notamment les pharmaciens à la vigilance, pour toute « demande de médicaments contenant un dérivé opiacé ou un antihistaminique qui leur semblerait suspecte et émanant en particulier de jeunes adultes ou d’adolescents ».

Ce n’est pas la première fois que l’ANSM lance l’alerte quant au détournement de médicaments antitussifs. Fin 2014, il s’agissait alors de s’inquiéter de la recherche de produits contenant du dextrométhorphane (DWM), un dérivé morphinique. Comme dans le cas de la codéine, les détournements sont rendus possibles par la particularité de la réglementation. Bien qu’inscrits sur la liste des substances vénéneuses, en faible quantité, ces substances peuvent être disponibles en accès libre. Concernant le dextrométhorphane, les pharmaciens avaient été invités à restreindre leur délivrance à un seul flacon en cas de doutes.

L’agence rappelle aujourd’hui comme hier que l’abus de médicament ou la pharmacodépendance grave sont à signaler au Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance

(CEIP-www.centres-pharmacodependance.net).

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